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“Danse avec tes chaînes” de Anaëlle Jonah

Marie-Ange Hoffmann • 17 septembre 2024

Voici un roman à la fois courageux et poignant qui, suite au scandale révélé dans les 10 dernières années du siècle dernier — donc histoire récente — connu sous la dénomination de L’affaire des enfants de la Creuse, met en scène une fratrie de quatre enfants âgés de 15 à 7 ans arrachés par la DASS à leur mère veuve, déracinés de leur patrie La Réunion, pour être emmenés en métropole où on leur fait miroiter un avenir meilleur. Il s’agissait de mettre en œuvre un plan d’aide aux agriculteurs souffrant de l’exode rural dans les régions de la France profonde.


C’est avec les yeux des deux derniers enfants, Marie-Thérèse accompagnée de son petit frère Joseph, que l’autrice choisit de suivre leur parcours qui tourne vite au calvaire. Séparés du reste de la fratrie, les deux malheureux enfants se retrouvent à la merci d’un couple de fermiers sans scrupules dans un village de la Creuse, bien loin de la promesse de Paris et Notre-Dame — « C’est Notre-Dame de Paris… C’est magnifique là-bas. Tu verras. L’une des plus belles merveilles du monde ». Les enfants déchantent très vite : pas question d’école mais au menu quotidien figurent travail forcé, maltraitances de toutes sortes, coups, privations de nourriture, humiliations, etc. Leur identité leur est volée. « Nos prénoms changèrent soudainement. Un jour Joseph et Marie-Thérèse, l’autre Florent et Marie. Nous avions subi tant de bouleversements que ce n’en était même plus surprenant. Et donc ? Mon identité, à la manière d’un oignon, avait été épluchée, éraflée couche après couche au point qu’il ne me restait plus qu’un fragment de mon être, et ce fragment était Joseph ».

Joseph, le frère, garçon fragile, sensible, que la sœur, forte, rebelle, finira par laisser à la ferme, mue par le désir impétueux de s’échapper et fuir le destin cruel qu’on leur avait imposé.


Le récit passe de l’enfance d’esclaves à la ferme aux scènes de leur vie familiale à La Réunion qui, malgré la pauvreté, sont empreintes de joie et d’amour. Le récit alterne également la vision de l’enfant et celle de Marie-Thérèse vieillie et malade, revenant accompagnée de sa fille à La Réunion pour rendre hommage à son frère et à tous les enfants maltraités de la sorte. Joseph, le frère poète disparu mais bien présent à travers sa poésie à laquelle Marie-Thérèse redonne vie en offrant au monde son recueil Danse avec tes chaînes. L’autrice précise la référence à la citation de Nietzsche : « la liberté, c’est savoir danser avec ses chaînes ».


Anaëlle Jonah est journaliste. Danse avec tes chaînes est son premier roman. Elle est invitée de notre festival et sera présente à la Nouvelle Librairie Sétoise pour une rencontre animée par Solène Dauge, vendredi 27 septembre à 17h.


Danse avec tes chaînes

Anaëlle Jonah

Éditions Fayard

480 pages

Parution : août 2024

ISBN : 97822137300350

Prix de vente : 22,90€

par Yves Izard 27 janvier 2025
Vas-y ma fille ! les cris d’encouragement l’ont portée au sommet de la benne à ordures , il suffit d’une étincelle pour que son foulard parte en fumée. De toute façon Badjens se le répète j’ai 16 ans. Je suis morte le jour où je suis née. Et même dès l’échographie quand l’obstétricienne bafouille « Dieu c'est une fille… Désolée » face aux hommes de sa famille ahuris comme si la bombe atomique venait de s’écraser sur Chiraz. Et son grand-père de renoncer à l’avortement parce que son assassinat était trop coûteux. Nous sommes en Iran où tout se négocie. Et ce qui va suivre va nous emmener beaucoup plus loin que ce qui pourrait se passer dans une famille disons très conservatrice française. Car Badjens nous embarque mine de rien au cœur de cette génération de jeunes femmes prêtes à tout, jusqu’à mourir pour vivre. Elles sont en cela plus radicales que leurs aînées, comme le rappelait Delphine Minoui — invitée de la librairie « L'échappée belle » — elle-même franco-iranienne, qui a vécu cette époque où l'on avait pris l'habitude de ruser pour contourner les interdits plutôt que provoquer directement les Mollah. Mais la mort de Mahsa Amini pour une mèche de cheveux qui dépassait de son foulard a fait exploser la révolte « femme vie liberté ». Ses parents ont su par leur courage lui rendre le plus bel hommage avec ce message d’espoir écrit sur la tombe de leur fille « tu n'es pas morte ton nom est devenu un mot de passe. » Et c'est en quelque sorte ce passage de relais que va raconter ce roman à travers un monologue intérieur comme un flash-back, où la mère de Badjens commence par rejeter le prénom que la grand-mère avait donné à sa fille, Zahra, fille du prophète ; car pour Maman, je serai Badjens — mot à mot— mauvais genre et en Persan de tous les jours : espiègle ou effrontée. Ce qui va engendrer un dédoublement, une dedans et une dehors, surtout à partir de cette cérémonie scolaire dont les filles de neuf ans se faisaient une joie jusqu’au moment où les élèves rient jaune quand elles découvrent que leur cadeau est un tchador fleuri pour la prière et un foulard-cagoule. C’est à partir de ce jour de fête qu'on entrera dans l'intimité de cette adolescente qui affrontera son petit frère Medhi, un mini despote en devenir. Elle va défier son père en lui exhibant sa poitrine ; Regardera Nexflix à douze ans, la tête sur l'épaule de son cousin Ali jusqu'au jour où il lui tendra son sexe. Elle soutiendra son amie Leila contre son frère incestueux, elle affrontera son amoureux Dariouch qui la quitte parce qu'elle ne veut pas coucher … Ainsi ce roman raconte l’Iran loin des projecteurs braqués sur Téhéran. A Chiraz, dans la grande ville de province, les bouleversements sont en cours dans la société civile, dans ces familles écrasées sous le patriarcat aussi nocif que les Mollah . L’adolescence rebelle défie ces grand-mères qui glorifient leurs fils, héros la guerre contre l'Irak devenus ces pères qui mettent les filles dans des tombeaux comme crie Badjens. Une révolte tous azimuts où la mère qui supporte tout du père soutient cette nouvelle génération qui s'est réveillée. C'est la mère de Badjens qui finance son petit salon de tatouage, qui la gâte avec une trousse à maquillage , lui offre un smartphone et danse sur Dépêche Mode…. Un jour, alors que les enseignants clament leur âneries, la classe en révolte fait tomber les portraits des mollah et piétine les manuels scolaires ! Quant un pasdaran unijambiste à l'école parle des ennemis de la nation Badjens répond « et nos martyrs à nous comptent pour des prunes ! » on sacrifie nos vies pour Masha Amini…Badjens et sa copine Leila sortent sans foulard et s'embrassent sur la bouche. On communique sur le net une sortie en minijupe, sur… TikTok une employée de banque parle de son patron qui lui pelote les fesses… les filles ont grandi et la fin du roman se lit au rythme d'un rap exalté ou s'exprime la révolte de toute une jeunesse qui manifeste à la sortie des cours : je like et relaie la révolution de ma génération je me bats je meurs je libère l'Iran clame Badjens… je traverse la foule foulard arrachée dans ma main… vas-y ma fille vers la benne à ordure sous les cris des manifestants, les miliciens tirent… j’enflamme mon foulard torche symbole de notre liberté la balle me transperce « femme vie liberté ». Badjens Delphine Minoui Éditions du Seuil (2024)
par Yves Izard 17 janvier 2025
Avec son short rembourré au niveau des fesses et son vélo en carbone Lucas a l'impression d'avoir des ailes, en revanche avec un simple Tee-Shirt, il veut rester un cycliste du dimanche, d'ailleurs sur « les pentes un peu fortes il se fait dépasser par des jeunes de quatorze ans avec des maillots siglés de leur club local, c'est tendrement humiliant. En quelques mots on perçoit ce léger décalage chez ce narrateur qui va nous entraîner d'emblée dans son monde subtil, comme au ralenti , jusqu'à l'accident qui propulse Lucas de l'autre côté du miroir. Et APRÈS c’est comment ? Car il s'agit bien d'entrer dans le deuil du point de vue du mort. D’imaginer l'inimaginable et de transgresser le tabou d'une vie après la mort, au-delà de toute croyance religieuse, ce qui ne veut pas dire d'ignorer certaines pratiques comme dans la tradition juive , où durant la première semaine qui suit l'enterrement l'endeuillé doit rester pieds nus au niveau du sol, ou alors sur des chaises inconfortablement basses … et si sa femme Roxane n'est pas juive… elle se laisse pourtant spontanément glisser au sol, réflexe primaire comme si elle s’effondrait réellement, comme si le sol l’attirait… comme si à son âme à elle s'ajoutait le poids de son âme morte à lui et que cela l'empêchait de se tenir droite elle. Car Lucas voit tout comme un fantôme qui se baladerait dans sa vie d'avant. Sauf que tout est plus détaillé comme dans un microscope, plus lumineux, plus coloré, comme le piano de Roxane marron mais comme nourri de mille teintes… comme leur table ovale achetée à Emmaüs aussi où les veines du bois sont incroyablement plus nombreuses… et puis il y a l'odeur de sa femme, l’odeur de ses cheveux un peu musquée, jusqu'à l'odeur des larmes de Roxane, de son sexe. Lucas La regarde mais il sait qu'il est là sans être là et que ça ne durera pas toujours…lui aussi à entamé son deuil. Ce qu'il voit c’est le chemin de peine pour ceux qui sont restés : Sofia 16 ans entourée de ses amis du lycée, Loranzo 13 ans qui tape sur son punching ball et c'est comme « compter le temps de notre tristesse » car Lucas voit tout , les marguerites par milliers dans le monde entier comme les racines de l'olivier planté pour se souvenir de lui. Et EUX toujours tristes , lui jamais . Jusqu'à ce qu'un soir, il se rend compte que cette famille absolument normale banale classique de Marseille avec cette forme de bonheur qui pouvait sans doute paraître parfois indécent, quand à Marioupol, quand à Gaza, quand le climat, quand la biodiversité, quand l'extrême droite, et eux qui s'offraient les plaisirs de la classe moyenne supérieure, c'est une famille que n’envie plus personne, c'est une famille orpheline… c‘est un monde qui s'est effondré . Raphaël Meltz choisit alors de clore cette histoire quand Luc fait un dernier tour dans la maison vide. Pour lui c'est comme tout éteindre . Entre temps nous auront pu imaginer l'autre monde. À tel point, nous dit Jorge Luis Borges, que ce monde-ci est est comme une ombre. C'est comme si nous vivions dans l'ombre. APRÈS Raphaël Meltz Éditions Le Tripode (2025)
par Jean-Renaud Cuaz 7 décembre 2024
ÉDITO Pour les 15 ans du Festival du Livre de Sète, l’édition 2024 a offert de belles rencontres littéraires et de grands entretiens captivants. Dans des lieux d’accueil prestigieux, soutenue par de fidèles partenaires institutionnels, plus indispensables que jamais… Et toujours au taquet, une équipe de bénévoles qui va se restructurer et se repositionner pour les prochaines éditions à l’issue de son Assemblée générale. Rendez-vous ce jeudi 12 décembre à la Médiathèque F. Mitterrand de Sète. Les Automn’Halles vous souhaitent de très bonnes fêtes et une belle année 2025, entourés de livres !
par Laurent Cachard 21 novembre 2024
C’est un vrai livre de philosophie que nous propose Florence Monferran avec son Vin par tous les temps , dans la mesure où l’historienne (de formation, passée du sombre des années 30-40 au vivant, au meilleur ) s’interroge autant sur le temps en tant que concept mais aussi décline ses acceptions, celui de l’Histoire, de la météorologie, d’un espace-temps qu’elle questionne, refusant l’image figée qu’on confère à la vigne en sollicitant ses régions, ses cépages, les couleurs, les formes de bouteille, etc. Elle enracine un thème—le vin, la vigne—dans l’Histoire, puisqu’il s’y prête, mais interpelle le présent tout autant que les renouvellements en cours. La vigne, c’est l’Art du temps , explicite-t-elle, un objet culturel qui renvoie à des saveurs antiques : le chapitre cathédral de Maguelone n’est-il pas considéré comme seconde église après Rome ? Elle tend des ponts entre le temps , Florence, s’intéresse à une domestication de la culture de la vigne, en Languedoc— terre pionnière, rebelle, ouverte à toutes les cultures —vieille de 11000 ans quand on la croit récente dans le domaine, sollicite Héraclite : au même titre qu’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, on ne goûte jamais deux fois le même vin, suivant qu’on se situe dans un endroit ou dans un autre, avec parfois peu de distance. En philosophe, c’est par l’arché —l’origine—qu’elle explique l’évolution des vignes, avant les Grecs et les Romains , va chercher des cépages en Gaule, des vins des Phocéens datés du VIe s. avant notre ère, parle du plus grand cépage du Languedoc, porteur d’histoire et de renommée, dit des Anciens qu’elle-ils—travaille-ent—à conserver la même minutie qu’eux . Sans chimie de synthèse— juste du soufre contre l’oïdium , notre bête noire. Elle pourrait accabler le présent si elle n’était pas profondément de nature optimiste : selon le constat du IPBES, le GIEC du vivant, il ne reste plus que quelques années pour changer de trajectoire . Cite, entre (beaucoup) d’autres, Aurélien Barrau quant à la capacité sidérante qu’a l’homme de ne tirer aucune leçon de la factualité la plus violente , s’appuie sur un calendrier vigneron—l’hiver, la nature en sommeil ; rien ne vaut la taille de mars ; l’été, toutes les craintes …—toujours plus en décalage pour défendre sa vision atypique du slow wine , fondée comme aux Clos de Miège, son domaine, sur la veille sur la maturité, la quantité, le soin, l’équipe, le patrimoine . Elle parle de vendanges thaumaturges , miraculeuses dans tous les sens du terme, constate un écart d’un mois en dix ans sur la fin de la première. Mais elle ne se plaint pas, rappelle que ce qu’il y a dans le vin, c’est avant tout du raisin, du raisin et du travail . Et se pose, entre Maurice et Hortense , ses contenants, en héraut de l’Hérault, défendant la culture bio— le bio, ça vient naturellement, c’est l’appel du terroir —son rôle protecteur lentement reconnu , son image sortie des soixante-huitards (pourtant essentiels sur le sujet), sa philosophie, une fois de plus. Vante le retour à une grande vertu, l’observation, l’acte individuel pour le bien commun . On est en pleine réflexion, qu’elle illustre, à chaque chapitre, par des emprunts divers, de Deltheil à Colette, de Heidegger, dans l’être-étant, à Dionysos, évidemment, pour finir. La nouvelle donne ampélographique (liée aux cépages), le fait qu’on cultive jusqu’à l’île de Groix ou du vin orange en Géorgie (elle précise néanmoins qu’un visiteur débarquant de la fin du Moyen-âge ou de la Renaissance ne serait pas dépaysé ) n’empêche pas la régionale de l’étape de vanter les atouts de ses terres, des vignes en franc de pied , des vins légers, vers Sète et Agde, des vins de sable , convoquant Brassens et Valéry. Des vins de l’arrière-pays, aussi, dans la reconquête viticole , du noyau Minervois-St Chimian- Fougères, des vins d’un Gard patrimonial et hédoniste. Elle parle des femmes du vin , celles qui collaborent avec la terre, disait Yourcenar, explique à demi-mots qu’elles doivent toujours démontrer leur expertise , cite Pascaline Lepeltier, passée de la philosophie à la sommellerie. Comme la vigne l’a emmenée vers la philosophie, Florence. Il faut ça pour prendre la démesure du temps , énonce-t-elle. Ça n’est pas le double effet de l’anaphore et de l’antiphrase (« non, je ne dirai pas », p. 242) en dernière partie d’ouvrage qui va la décourager, au point où elle en est. On imagine qu’elle a fabriqué ce livre avec autant d’amour et de patience qu’elle met à suivre et libérer un cru. Ça tombe bien, c’est un livre qui se déguste. A petites gorgées et sans modération . Le vin par tous les temps Des racines et des raisins à l’horizon 2030 Florence Monferran BBD Éditions (2024)
par Marie-Ange Hoffmann 1 novembre 2024
La narratrice et protagoniste de ce roman de Claudio Morandini est une jeune ethnomusicologue qui arrive de la ville à Crottarda, un village de montagne quasiment toujours plongé dans l’obscurité car le soleil n’y brille que très rarement. Le décor d’une histoire noire est déjà planté. Les maisons, les murs et même les rares enseignes et les quelques bancs où personne ne s’assied jamais, ainsi que les panneaux routiers, sont toujours tapissés d’une épaisse mousse sombre . La jeune femme veut étudier les chants mystérieux qu’elle attribue aux bergers—chants qu’elle avait entendus enfant alors qu’elle passait des vacances dans ce village et dont elle garde un souvenir marquant et fascinant. C’est en scientifique qu’elle veut commencer ses recherches— Il faudra enregistrer les appels, les transcrire, analyser leurs composantes sémantiques, les déchiffrer, en tirer un répertoire : une perspective terriblement excitante, pour une chercheuse d’étrangetés musicales comme moi —mais les choses prennent une tout autre tournure de ce qu’elle escomptait et très vite, elle sent que tout lui échappe. Elle est confrontée à la présence d’êtres humains étranges et inquiétants, prenant la forme de monstres qui évoluent dans une ambiance de nature froide, humide et hostile. Elle ne sait si on l’accueille ou bien la rejette. Elle finira par ne plus rien comprendre à ce monde qui oscille entre réalité et illusion, rêve et cauchemar, attraction et rejet, lumière et obscurité. Les contours des personnages de cette communauté fermée sur elle-même sont flous et tordus, se fondant dans la noirceur qui engloutit. En face de ce village se trouve un autre village qui lui est baigné constamment de soleil. D’étranges sentiments d’hostilité sauvage et inexpliquée régissent la vie des deux villages. C’est un monde où la réalité s’englue dans l’absurde et le grotesque. Un piège se referme sur la narratrice dont elle ne peut se libérer, en proie à un sentiment de fascination/répulsion. L’auteur mêle la farce, l’humour, le comique aux aspects dramatiques et tragiques pour nous entraîner de main de maître dans cette fable à la magie fascinante. Ils oscillent, mes pauvres Crottardais, entre le besoin de se cacher et la nécessité de sortir à découvert, de respirer l'air de dehors ; entre l'exigence de s'exprimer et le mutisme, entre un festin des sens, de tous les sens, y compris ceux que nous autres ne savons plus exercer, et la fermeture de tous les orifices dans le silence, dans l'obscurité complète, dans l'absence de contact ; entre un au-dessus qui s'éloigne et devient inatteignable, ou qui écrase et oppresse, et un au-dessous dans lequel s'enfoncer, enfin, et continuer de nourrir du ressentiment et des inquiétudes ; entre humain et non-humain ; entre vivant et non-vivant. Les oscillants, ai-je envie de les appeler. Et je finis par me sentir un peu oscillante moi aussi. Les Oscillants Claudio Morandini Traduit de l’italien par Laura Brignon Éditions Anacharsis (2019)
par Laurent Cachard 1 novembre 2024
Le Bleu du lac , un roman de 2018, est une tragédie grecque. Du moins en a-t-il les apparences, et même les personnages, puisque Viviane Craig, la narratrice, fait le trajet de métro londonien qu’elle a toujours connu pour se rendre chez son amant, James Fletcher, mais elle le fait dans une sorte d’hébétude, en petite robe noire qui la gratte, pour assister à ses obsèques et jouer pour lui, dans l’église de St Anselme et de Ste Cécile —deux martys, dont la patronne des musiciens—à la demande intrigante de son exécuteur testamentaire, l’ Intermezzo de Brahms qu’il a toujours aimé, qui l’a toujours fait bander. Ce pourrait être tristement anodin, mais Viviane et James ont été des amants que rien ne prédestinait, surtout pas la vie maritale et heureuse qu’elle mène avec Sebastian. Qui l’a sortie un jour de son statut de Mme Bovary du piano —un seul disque enregistré vingt ans auparavant—pour la convaincre de remplacer un jour au pied levé le prodige croate Pogorelich à Wigmore, comme, se dit la narratrice, Anthony Hopkins a triomphé en substitute de Sir Laurence Olivier, ou Pavarotti, dans la Bohème . Cette amante ardente de Brahms connaît la gloire soudaine, les sollicitations, et accepte l’invitation à dîner de cet homme atypique, grand vulgarisateur télévisuel de la musique classique à la BBC. Ils deviendront des amants comme seule l’acception classique peut définir : des êtres qui aiment et qui sont aimés en retour. Connaîtront la plénitude dans le secret, jamais la culpabilité. Viviane, dans ce train de la District line, se dit qu’ils incarnaient, puisque c’est le mot, le mythe d’Aristophane— je n’étais plus rien d’autre que sa partie manquante, et lui la mienne —mais elle ne peut rien en dire, à personne, doit se convaincre qu’elle fait le trajet pour un enterrement à la place d’une étreinte, un cercueil à la place de son lit, qu’elle aura passé sa vie à vouloir échapper à un amour trop grand pour eux pour finir emmurée, comme une nouvelle Antigone : je me sens comme une héroïne de tragédie grecque sans avoir l’étoffe pour le rôle . Elle remonte leurs étreintes, son emprise, s’apprête à croiser ceux et celles à qui il aura brisé le cœur ou le nez —il pratiquait la boxe— par sa gueule d’ange et sa candeur, son uppercut impeccable et son sexe majestueux. Mais elle ne les verra pas, et s’en réjouit : faute de place dans le chœur, le piano a été placé à côté de l’orgue, en haut. On ne la verra pas non plus, elle n'aura qu’à laisser la musique ruisseler. Viviane doit vivre la brutalité— j’ai laissé la bombe éclater en moi —d’un deuil qu’elle ne peut dire à personne, qui fait écho à celui qu’elle a vécu dix mois avant, quand sa fille Laura s’est tuée bêtement, en glissant dans sa douche, le 11 septembre 2001, laissant les images se confondre avec une autre tragédie. Elle doit faire face, également, à la honte— l’addition de nos fautes fait aussi le prix d’une vie —quand l’un des drames prend le pli sur l’autre, inconsciemment. Quel sens a le deuil d’une femme mûre pour son amant , quand elle a vécu la plus absolue des tragédies ? La voix de Laura s’efface petit à petit de sa mémoire, concède-t-elle ; si celle de James devait s’éloigner elle aussi, alors je saurai que la vie ne vaut pas d’être vécue . James est mort en provoquant le diable, en n’écoutant pas les apnées du sommeil qui se multipliaient, refusant de masquer son beau visage d’un appareil respiratoire. Combien de temps faut-il pour mourir ainsi, se demande celle qu’on affubla du surnom détesté de Greta Garbo du piano —qui pourtant puisa la force de son jeu et de son mystère dans ses amours clandestines ? Moins longtemps que l’Intermezzo en Si bémol qu’elle doit jouer pour lui. Dire que nos vies se jouent ainsi, en quelques secondes… Comme toujours chez Mattern, les récits s’entremêlent sans qu’il ait besoin de les traiter tous. Au pire, il en fera un autre livre, lui qui aime jongler avec les similitudes, dans les prénoms—Gabriel, le gendre français, qui repart avec Simon, son fils, une fois sa femme disparue—comme dans le jeu des origines, ici l’identité populaires de James, la façon dont il a dû s’en défaire. On note celui in abstentia de Sebastian, son documentaire sur le Septembre noir , ses voyages à Munich et en Israël, dont il est rentré différent , sans qu’on en sache plus. La façon dont il intervient in fine —je n’en dirai rien ici—pour une chute qui redéfinit tout ce qui a été dit auparavant. Cette femme en robe noire, condamnée à un deuil clandestin , se jure qu’elle ira une fois par an là où son amant se recueillait, sur les rives du Lac d’Annecy, retrouver les reflets du Lac bleu de Cézanne, cette toile qu’il chérissait. Qui lui revient quand elle voit celui entre Wimbledon Park et Southfields, dernier aperçu de la nature avant de traverser la Tamise . Et cette question, lancinante : puisque son corps disparaît, son esprit, en suis-je (encore) la gardienne ou n’existe-t-il simplement plus ? Le bleu du lac Jean Mattern Éditions Sabine Wespieser (2018)
par Marie-Ange Hoffmann 1 novembre 2024
Le chien, la neige, un pied : un titre énigmatique qui sent le conte, à la manière de cet auteur pour qui le connaît (voir son dernier roman Choses, bêtes, prodiges ). C’est l’histoire du vieil éleveur de montagne (encore la montagne, le milieu naturel cher à l’auteur), Adelmo Farandola—son nom est à lui seul tout un programme —un clin d’œil à la farandole, danse à la fois de la vie et de la mort—l’homme vit en ermite dans une cabane perdue au fond d’un vallon inhospitalier, caillouteux et aride. Mais quel personnage ! Nous faisons sa connaissance alors qu’il descend au village pour s’approvisionner. Sa mémoire lui joue des tours—il ne se souvient plus y être venu la veille—Communiquer avec ses semblables devient difficile. À force de ne pas parler pendant de longues périodes, il peine à faire sortir les phrases et chaque mot lui semble imprononçable . Il préfère remonter dans son isolement. Le génie de l’auteur réside dans sa manière évocatrice, douce et brutale de nous entraîner dans cette farandole des sens où fusionnent la beauté et la laideur de la nature et des hommes. A l’horizon, la mort, au bout d’un chemin de misère où l’homme se perd lentement mais sûrement dans la folie. L’homme ne sent plus rien depuis un moment. Depuis qu’il a arrêté de se laver il est anesthésié à ses propres odeurs, et les pets qu’il lance la nuit sous les couvertures ne sont que de chaudes caresses, qu’il cultive avec une alimentation adéquate. Et nous faisons connaissance avec un deuxième personnage, le chien, qui surgit soudain sur son chemin et ne le lâche plus, si bien que notre homme bourru et solitaire se laisse adopter par lui ! Parfois le chien ressemble à un appendice de l’homme. Il reste à ses côtés, il se frotte contre son mollet, il ne perd de vue aucun de ses gestes, au point que même un coup de pied d’Adelmo Farandola ne peut pas l’éloigner, car tout en jappant, il fait quelques petits virages—pour jauger la douleur—puis il se remet à se frotter à son compagnon. Jusqu’alors, il menait des monologues, se posant des questions et donnant lui-même les réponses. A présent, c’est avec le chien qu’il s’entretient, et leurs conversations burlesques ne manquent pas d’humour ! Le chien craint de servir de rôti à son compagnon affamé, mais heureusement, celui-ci est protégé par sa crasse qui le nourrit en quelque sorte ! Tous les deux parviennent tant bien que mal à survivre au dur hiver. Et c’est alors qu’apparaît à la fonte des neiges le troisième élément perturbateur : un pied humain gelé ! Mais le pied de qui ? qui l’a mis là ? dans quelles circonstances ? les obsessions de notre homme s’enflamment et virent à la folie. Adelmo Farandola insultait la mère de la Faim, la mère du Froid, et aussi la mère du Sommeil, son ennemi le plus sournois, celui qui se présentait en ami mais qui en réalité voulait seulement que l'homme s'abandonne pour le livrer à la mort. Dans ce récit qui part d’un réalisme cru pour virer au conte fantastique, l’auteur nous parle de solitude, de vie et de mort. Étonnante appendice du roman où l’auteur dévoile sa source d’inspiration. Mais est-ce bien la vérité ? Avec Claudio Morandini, tout est remis en question dans le rythme endiablé de la farandole ! Une seule petite remarque quant au titre français, qui ne restitue pas la ligne mélodique du titre original : Neve, cane, piede , qu’il aurait peut-être fallu garder ? La traduction du roman est par ailleurs remarquable. Le chien, la neige, un pied Claudio Morandini Traduit de l’italien par Laura Brignon Éditions Anacharsis (2017)
par Yves Izard 23 septembre 2024
Et revoilà le Radeau de la Méduse qui ressurgit avec son cortège de fantasmes puisqu’on sait que les quinze qui en sont revenus ont mangé de l’homme pour survivre. C’est ce que dit le récit officiel de la tragédie, c’est aussi ce que la mère de Clarisse Griffon du Bellay lui racontait quand elle était petite. Car cette épopée est aussi une histoire de famille, puisque l’ancêtre est l’un des survivants du naufrage. Et que ce Jean Baptiste, depuis 1818, avait corrigé avec minutie ce récit, instaurant la tradition de transmettre son exemplaire ainsi annoté de père en fils. Dans ce récit à la première personne, Clarisse écrit d’abord que, petite fille, cette filiation trop déclinée était pour elle vide sens , jusqu’à ce jour où le livre est apparu sur la table de ses parents, jusqu'à ce déchirement dans ma vie . Brutalement, écrit l’étudiante en dessin, un mal-être à fondu sur moi . Pour conjurer l’angoisse, elle transforme sa chambre de bonne en atelier de sculpture : Je travaillais le plâtre direct. Je dormais dans du plâtre je mangeais du plâtre… cette crise d’adulte à finalement été ma chance . Une fois le livre entre ses mains, le récit s’est incarné en quelque sorte dans sa sculpture, dans le travail de Clarisse, narratrice et auteur. Le bois m’a ouvert un monde dont je ne suis plus jamais sortie. J'ai plongé dans la viande, dans les carcasses de Rungis. La viande comme le cœur de l’arbre mort qu'elle sculpte, découpe comme le font les survivants de La Méduse. Dans une sorte d'analyse de sa démarche, elle écrit en italique, ce rapport à la viande qui me parle de ma propre substance, m’en fait prendre la mesure, touche à l'intimité pure . En allant jusqu’à reconstruire un radeau, elle réussit à exorciser ses peurs car l’histoire du radeau les contient toutes. La mort me terrifie… comme mon ancêtre… Tout endurer. Se compromettre. Mais surtout ne pas mourir. Tuer s’il le faut, manger de l'homme s’il le faut . C’est aussi cela que son ancêtre a échoué à transmettre, par ce choix étrange que celui des annotations qui révèle par sa forme même le côté incommunicable de cette expérience . Car le récit officiel n'est qu’un récit politique au sens large, qui arrange les faits et protège les autorités. Ce drame n’aurait jamais dû se produire , c’est une suite d'incompétences, d’indifférence, d’oublis de précautions, d’erreurs, dont l’ancêtre n’avait rien pu dire. Encore fallait-il que ces annotations sortent de la famille, car elles exerçaient sur nous trop de pouvoir…ce sont d'abord les sculptures qui ont emporté avec elles notre histoire dans l'espace public et il a bien fallu se mettre à parler . Les mots sont désormais déposés partout ! je contemple ce livre comme une sculpture qui se termine. Ressacs Clarisse Griffon du Bellay Éditions Maurice Nadeau (2024)
par Claude Muslin 23 septembre 2024
« C’est un roman sur la perte et aussi le commencement » explique l’auteur. Et sur le démembrement, la fracture, la reconstruction. L’action se situe de nos jours, dans un village isolé face au Vercors. Hugo, un médecin citadin, las de la ville — le Covid ayant eu un rôle d’accélérateur, de révélateur d’un mal de vivre — décide de fuir Paris et de s’installer en zone rurale. Le hasard le conduit à Saint-Antoine l’Abbaye, près de St-Marcellin. Le hasard encore lui fait retrouver une ex-petite amie, Manon, séparée du père de son fils, Vadim dont elle a la garde. Le hasard fait bien les choses puisque ces deux-là, en manque d’amour, se retrouvent vite, s’installent ensemble dans la maison de Manon et s’accommodent d’une vie simple, proche de la nature. Le village est célèbre pour son ordre hospitalier qui rayonna sur toute l’Europe pendant le Moyen Âge. Les moines médecins soignaient les malades de l’ergotisme, sorte de peste avant la peste. Hugo est donc en terre familière. Étrange coïncidence puisqu’il a déserté la ville pour s’installer sur une terre foulée autrefois par Saint-Antoine l’Egyptien, le saint du désert dont les reliques sont précieusement gardées dans l’abbaye du village. Il ouvre un cabinet, réapprend à vivre, « J’aurais peur désormais de la ville et ses absurdités, sa démesure inhumaine » , soulage les patients plus qu’il ne les soigne : « En médecine, j’ai fait suffisamment de prescriptions pour savoir que l’ordonnance n’apporte pas la guérison. C’est une aide seulement, l’orientation, la possibilité d’un chemin pour le patient » . Et goûte à toutes les joies ordinaires qu’il avait oubliées comme l’alternance des saisons, les sonorités de la campagne, les silences, le bruit du vent, le chant des oiseaux ou le tintement d’une cloche d’église. L’auteur est d’abord musicien, ancien professeur au Conservatoire de Paris ; il a juste remplacé les notes par les mots. C’est dans une atmosphère sereine et calme que se fait un jour la rencontre entre Hugo et un pianiste libanais, Bechara El-Rihani. Elle va troubler sa quiétude nouvelle. Une amitié va naître. Ce musicien, personnage énigmatique, va lui demander l’improbable… Que je ne dévoilerai pas dans cette chronique. Entre la fragilité apparente du pianiste, le décalage entre sa délicatesse et l’âpreté de la vie rurale dans ce village presque montagnard, l’auteur, dans un décor rassurant, fait vibrer des personnages qui lui permettent, lui le mélomane, d’évoquer sa passion pour Pascal Quignard et Tous ses matins du monde, Jodri Savall et Marin Marais, entre autres. Le style est à l’image du roman. Sans fioritures ni effets. Avec juste une dose d’intrigue nécessaire à la construction du récit. Les chapitres Terre, Eau, Air, Feu, Ether donnent le ton. Et puis, belle résonance entre le nom du protagoniste, Hugo, et celui de Saint Hugues, dont la vie est préfacée par son secrétaire, en 1200, et rappelée en épigraphe du récit. Bruno Messina a été musicien intermittent du spectacle, puis professeur d’ethnomusicologie et directeur artistique de festivals. Il est l’auteur d’une biographie de Berlioz (2018) et d’un roman 33 feuillets (2022) chez Actes Sud. Feu saint Antoine Bruno Messina Éditions Actes Sud Collection Un endroit où aller
par Yves Izard 23 septembre 2024
Un homme est en train de couler doucement…au milieu des méduses , il ne se souvient pas de ce qui s’était passé, des images surgissent , des flashes désordonnés, fantasmagoriques. Il perd la notion du temps. Tu vas mourir noyé, voilà ce qui va se passer . Milo Malart commença à couler . C'est à travers ce cauchemar que nous découvrons notre inspecteur — héro de l’œuvre de Aro Sáïnz de la Maza — dans ce roman éponyme où sa situation paraît désespérée. Il y a pourtant quelque chose qui cloche, on n’arrive pas à y croire. Certes Malart reste introuvable, mais ce qui jette le trouble dans le GEHME, Groupe spécial d’homicides de la police de Catalogne, c‘est qu’au large des cotes barcelonaises un somptueux yacht vient d'être découvert dérivant sans équipage. Il traîne au bout de deux filins les cadavres de ses propriétaires. Un couple de la Jet Set locale, qui navigue pourtant en eaux troubles. En fait deux psychopathes à la perversité sans borne, accusés puis relaxés grâce à des preuves falsifiées. Ils hantent les nuits de l’inspecteur Malart qui, à l’insu de sa hiérarchie, les traque depuis des années. Pis, le bateau est saturé de l'ADN de l’inspecteur ! C’est ainsi que débute une course contre la montre pour sauver le soldat Malart, avant que ses ennemis ne le détruise. On a ici un concentré de ce que fait le mieux Aro Sáïnz de la Maza : la faculté donnée à ses personnages se mettre dans la peau d’un autre , à commencer par son Inspecteur le plus révolté d’Espagne, en guerre contre une société gangrenée par l’argent, le pouvoir et la corruption. Pour se sortir d'une situation impossible Malart joue ainsi une partie d’échecs mortifère contre un vaillant guerrier qui a tout perdu. À force d’introspection, l’inspecteur s’est mis dans la tête de Goran pour trouver sa corde sensible et l’affronter d’homme à homme avec cette ultime répartie désespérée comme le sont les chants les plus beaux: nous sommes tous comme la boule dans un flipper dit Malart. On va dans un sens et dans un autre, mais on finit toujours dans le trou. Tout le monde, toi et moi compris . Plus troublant, ce mimétisme contamine aussi ses coéquipiers qui finissent par adopter ses méthodes hors normes pour le retrouver et extirper du piège ce collègue que sa névrose obsessionnelle à mené au bord du précipice.  Comme la sous-inspectrice — appellation contrôlée ? — Rebeca Mercader si intrépide quand il s’agit de sauver Malart qu’elle gagne la réputation d’ avoir les ovaires bien accrochés . Plus déstabilisant encore quand le puzzle commence à prendre forme, souvent les mêmes questions viennent dans la tête des accusés comme des enquêteurs qui : la vengeance peut elle être là seule réponse possible comme réponse au viol ? Suis-je capable de tuer ? Il s’agit de comprendre comment et pourquoi les protagonistes ont agit de cette manière qui les place en porte-à-faux. Face aux coups tordus et à la merci d'une taupe, entre guerre des polices et l’intransigeance pas toujours innocente de l’appareil judiciaire, l’équipe sait qu'elle risque gros en voulant dévoiler une vérité que les puissants voulait faire taire. Et que tous les coups sont permis dans un monde où l’argent hurle, la richesse murmure comme le dit la sous-inspectrice Mercader. Malart Aro Sáinz de la Maza Éditions Actes Sud (Actes noirs 2024) Traduit de l’espagnol par Serge Mestre
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